Sofía Ávila

La deuxième édition de l'IALLA (Academy of Lifelong Learning Advocacy), organisée par le Conseil international pour l'éducation des adultes (CIEA) et à laquelle ont assisté des participants de plusieurs pays, s'est déroulée durant l'été 2005 en Norvège, à la Buskerud Folk Highschool. Ce séminaire intense de trois semaines avait pour objectif de donner l'occasion à des leaders émergents de l'éducation des adultes et à des activistes du mouvement social de s'autonomiser et d'acquérir des compétences qui devaient leur permettre de promouvoir et de soutenir une éducation des adultes favorisant la citoyenneté active. Il avait aussi pour but d'élargir leur vision de l'éducation des adultes et de l'apprentissage tout au long de la vie. L'IALLA a été organisée avec le soutien de la Buskerud Folk Highschool (Norvège), de l'Association norvégienne d'éducation des adultes (VOFO), de l'Ovre Eiker Kommune (Norvège), du NIACE (Royaume-Uni), de l'Agence de coopération norvégienne pour le développement (NORAD) et de SIDASweden. L'article suivant est extrait de « Voices Rising, n° 158 », 3e année ­ vol. 3, 21 octobre 2005. Sofia Àvila travaille pour le REPEM Columbia (Réseau d'éducation populaire des femmes d'Amérique latine et des Caraïbes).

Rapport d'une participante à la seconde édition de l'IALLA

Durant trois semaines, des hommes et des femmes originaires de différents pays se sont réunis pour participer à l'IALLA organisé par le Conseil international pour l'éducation des adultes (CIEA). De par leurs activités et leur expérience, tous les participants opéraient dans les secteurs suivants: éducation des adultes, éducation tout au long de la vie ou éducation populaire. Ils s'étaient rassemblés pour partager et accroître leurs connaissances et améliorer leur compétitivité de manière à mieux intervenir dans le domaine vaste et exaltant qu'est l'éducation des adultes. Au cours des dernières décennies, l'éducation des adultes est devenue l'un des points principaux des calendriers d'action et des débats sur le grand mouvement social plein de diversité qu'elle constitue, ce qui a conduit les pays à mettre en place des politiques idoines.

L'IALLA s'est tenu du 29 juillet au 19 août. Cette rencontre, qui fut l'occasion de débats et d'échanges culturels, et qui nous permit de partager nos connaissances, se déroula en Norvège à la Buskerud Fokehogskole. Cet établissement est situé dans la ville de Darbu, au milieu d'immenses champs de blé et à proximité d'un lac, sur les bords duquel nous passâmes des fins de journées rafraîchissantes dans un cadre somptueux.

Pendant ces trois semaines, nous eûmes le bonheur d'avoir parmi nous des acteurs sociaux qui partagèrent avec nous leurs connaissances empiriques, fruits d'années d'études, d'activisme politique et d'engagement social, entre autres particulièrement dans les domaines de l'éducation tout au long de la vie, de l'éducation populaire, de l'éducation des adultes, etc. Chacun d'eux a contribué, dans son propre contexte culturel, social, intellectuel et professionnel, à redéfinir, à déconstruire et à construire des idées, stratégies et points de vue afin de remplir notre mission d'activistes dans le domaine de la promotion de l'apprentissage tout au long de la vie.

À mon sens, ces trois semaines illustrent parfaitement que l'éducation est un droit, exercé dans un espace propice à l'échange d'expériences. Ceci constitue la base pour que des idées nouvelles puissent voir le jour afin de répondre au potentiel individuel et collectif, et de créer des stratégies de promotion des droits dans le but d'opérer des changements. Toutefois, ces trois semaines nous ont par-dessus tout permis «d'apprendre, d'agir, d'être et de vivre ensemble», ce qui est fondamental pour le concept, la pratique et la politique du vaste domaine de l'éducation pour la vie. Néanmoins, la mission de formation que nous avons acceptée ne commençait pas avec ce séminaire et ne se terminait pas avec lui. Il nous a toutefois offert un espace primordial pour valider et faire mûrir des projets de mobilisation et d'action visant à promouvoir l'éducation tout au long de la vie en tant que droit fondamental indivisible et inaliénable.

Nous avons mené de nombreux débats, partagé des expériences, des doutes et des émotions et soulevé ensemble des problèmes liés aux sujets présentés durant ce séminaire, des problèmes qu'une simple classification ne suffit pas à résoudre. Pour cette raison, et dans le but de présenter ce rapport d'une manière accessible aux autres, j'utiliserai les «points principaux autours desquels s'est articulé le séminaire» pour présenter une grande partie des contenus que nous avons examinés, indépendamment de leur déconstruction et de leur reconstruction.

Partant du séminaire, je ferai référence à quatre points fondamentaux: 1° la cognition, 2° la praxiologie, 3° le comportement, 4° la méthodologie, ces domaines n'étant ni rigides ni systématiques et devant plutôt être considérés comme des outils pratiques permettant de rassembler les éléments nécessaires pour élaborer une démarche. Le chapitre sur la cognition se compose d'une partie conceptuelle et de tout ce qui est lié aux différentes contributions des participants et orateurs qui ont présenté leurs expériences, ce qui nous a aidé à déconstruire les connaissances et idées pour en former de nouvelles. Le chapitre consacré à la praxiologie fait référence à la partie propositive du séminaire en rapport avec la mise en oeuvre de nouvelles méthodes et stratégies d'action et de promotion, partant du savoir reconstruit ici. Le chapitre sur le comportement se rapporte à la redéfinition des connaissances et à la souscription à celles-ci, ainsi qu'à notre engagement dans une action politique. Enfin, le chapitre traitant de la méthode présente toute l'aide technique et didactique que nous avons reçue au niveau des processus formateurs, informateurs et déformateurs.

La cognition

Durant le séminaire, des concepts vastes et variés furent présentés. Il s'agissait d'idées et de points de vue sur le monde, en rapport avec la situation, les espaces de promotion et la logique actuels de l'éducation pour la vie. En résumé: il s'agissait d'une remise en contexte des problèmes, des dynamiques et des campagnes actuellement menées dans le monde, exposés sous forme de thèmes clés tels que le système de gouvernance mondiale qui désigne un monde vertical dans lequel les institutions comme le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et autres organismes ayant rédigé le Consensus de Washington comme l'Organisation mondiale du commerce, les organismes transnationaux ainsi que les gouvernements, par exemple celui des États-Unis, exercent des pressions sur les accords internationaux et les législations nationales en prenant des dispositions typiquement au reflet des intérêts privés, impérialistes (selon la logique du capital) et fondamentalistes. intitulée «Globalization, Development and Geopolítics» (Mondialisation, développement et géopolitique), Gigi Francisco présente les impacts actuels sur les États-nations et sur les dynamiques civiles nationales et internationales. Lors du séminaire, le thème particulier du réchauffement climatique introduisit également un point de vue écologique pertinent dans le cadre de cette remise en contexte.

La présentation de concepts tels que l'éducation tout au long de la vie, la promotion et la défense des droits, la société civile, l'État, l'intersectionnalité, les réseaux, etc. servit de base à l'analyse de la situation et de l'activisme mondial. Ils servirent aussi à identifier des espaces d'action liés à la promotion de l'éducation pour la vie, espaces qui furent attentivement examinés au sujet de la pratique d'une citoyenneté active et qui étaient les suivants: le Forum social mondial, en tant que lieu d'apprentissage et d'action, avec la société civile comme principale protagoniste; les conférences des Nations Unies lors desquelles la société joue un rôle moins important, voire limité, par rapport à celui des États-nations qui consiste à établir des pratiques d'action comme les activités en réseau avec les stratégies de communication, de représentation, de mobilisation et d'action que ceci implique.

Durant le séminaire, nous nous penchâmes sur lien établi par le mouvement social et les conférences des Nations Unies entre la défense des droits et l'activisme social, ce qui nous permet de discerner de nouveaux paradigmes ainsi que les nécessités qui en découlent. Par exemple dans le cas de concepts qui ont changé au fil du temps ou qui sont tributaires d'une temporalité et d'une spécialité, les besoins de disposer de nouveaux paradigmes ont évolué en fonction de la situation et des circonstances. En résumé, le remaniement, la conception et la construction de concepts constituent un exercice clé pour apprendre et construire des savoirs, un outil d'analyse et de compréhension de la situation actuelle, qui sert aussi à définir et identifier des espaces d'action pour le mouvement social.

La promotion des droits représente un effort qu'entreprennent des individus et des groupes pour rendre un problème donné public, le faire mettre à l'ordre du jour politique (Gigi Francesco), en prenant la défense du droit à l'éducation pour la vie devant ces différentes instances. Voici quelques exemples des activités menées entre autres par le CIEA et le REPEM dans différents espaces d'apprentissage et d'action: le Forum social mondial, les conférences de l'ONU telles que la CONFINTEA, l'Appel mondial contre la pauvreté, la Campagne mondiale pour l'éducation.

La praxiologie

Durant les trois semaines du séminaire des sujets tels que l'éducation tout au long de la vie, le VIH/SIDA, les Objectifs du millénaire, le Forum social mondial, les conférences des Nations Unies et les concepts et problèmes présentés par les animateurs firent l'objet d'un volet analytique et propositif. Les propositions et stratégies d'action et de promotion formulées par la société civile et dans le cadre de ces espaces d'action et de promotion au sujet de l'éducation tout au long de la vie et des efforts visant à améliorer la situation dans le monde peuvent être classées dans la catégorie des stratégies de communication, de mobilisation, de formation, d'éducation, d'activités en réseau (par le biais d'Internet), de renforcement organisationnel et de préservation des ressources. Ces stratégies visent, à tous les niveaux, au changement et à l'amélioration du monde, pour que tous les gens puissent être considérés comme étant égaux et qu'ils puissent vivre dans la dignité.

Ces propositions furent le fruit du travail, des débats et des réunions plénières des participants au séminaire qui contribuèrent, grâce à leurs expériences et connaissances diverses, à concevoir des stratégies et plans d'action visant à promouvoir l'éducation tout au long de la vie non seulement dans le domaine public et au niveau international, mais aussi dans les différents espaces où la société civile et les différentes manifestations du mouvement social peuvent intervenir.

Le comportement

Le séminaire, en tant qu'espace permettant d'apprendre, d'agir, d'être et de vivre ensemble, nous fournit également l'occasion de valider et d'évaluer les activités de nos organisations et réseaux qui s'efforcent de promouvoir l'éducation pour la vie, l'éducation des adultes ou l'éducation populaire, en fonction des situations particulières aux niveaux régional, national ou local. Au fur et à mesure du séminaire, nos liens se renforcèrent, nous échangeâmes nos connaissances, et chaque jour qui passait fit de nous de meilleurs traducteurs culturels, exacerba notre désir de transformer le monde et renforça la conviction de la justesse de nos actes. Tel fut l'aboutissement de ces trois semaines qui nous permirent d'élargir le champ de nos connaissances.

La méthodologie

Durant le séminaire, l'appui méthodologique permettant de construire un savoir nouveau fut d'une importance primordiale pour renforcer nos processus cognitifs. Le soutien visuel constant facilita énormément l'assimilation des thèmes abordés et la réflexion à leur sujet. Le travail de groupe favorisa l'élaboration de stratégies et nous offrit une bonne occasion de pratiquer l'interaction. Différents exercices et activités nous permirent de réfléchir, de détendre l'ambiance, de réunir différentes démarches et d'élaborer des stratégies et actions.

L'éducation doit jouer un rôle de premier plan pour améliorer la situation dans le monde. Trouver et animer des espaces de formation, de renforcement des échanges et de consolidation sociale est nécessaire non seulement pour promouvoir les droits de l'homme et la campagne menée au sujet de l'égalité et de la dignité, mais aussi pour donner aux réseaux des stratégies de promotion de l'éducation tout au long de la vie. Dans ce sens, l'occasion que nous a fournie le CIEA est fondamentale pour la mise en oeuvre de méthodes, d'interventions et d'actions nouvelles. L'IALLA est un cadre d'apprentissage qui réunit des représentants d'organisations différentes dans un but commun: promouvoir le droit fondamental à l'éducation dans le domaine public et le mettre à l'ordre du jour du mouvement social, des gouvernements et des organismes qui comptent pour aider les gens à exercer une citoyenneté active (l'ONU, par exemple).

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