Organisations de la société civile (OSC)

Des ONG prestigieuses se sont réunies pour rédiger une déclaration présentée à la Conférence de haut niveau sur la coopération Sud-Sud organisée du 1er au 3 décembre 2009 par l’ONU à Nairobi. Elles appellent instamment à ce que la coopération se concentre sur les problèmes des gens, leurs droits et leurs besoins au lieu de se laisser diriger par de grands acteurs mondiaux comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international dont elles considèrent qu’ils sont responsables dans une grande mesure des problèmes liés à la libéralisation des marchés et à la crise financière associée à cela, avec ses effets dévastateurs.

Déclaration sur la coopération Sud-Sud


Votre Excellence, Monsieur le Président de la Conférence sur la coopération Sud-Sud, Mesdames et Messieurs les Chefs de délégations et Représentants des États membres, chers Collègues et Délégués du secteur privé et des parlements, chers Collègues de la société civile

Mesdames et Messieurs,

Nous, membres d’organisations et de réseaux de la société civile des pays du Sud, souhaitons rendre publique une déclaration au sujet des débats actuels, tombant à point nommé, sur la coopération Sud-Sud.

Merci de nous donner l’occasion de vous présenter aujourd’hui succinctement les sujets qui nous préoccupent. Nous vous enjoignons de nous écouter et de prendre pleinement en compte les voix et recommandations essentielles de la société civile dans vos débats, conclusions et actions de suivi.

Aujourd’hui, le monde est la proie de crises financière et climatique aigües qui menacent non seulement l’accomplissement des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et les vies et moyens de subsistance de centaines de millions de personnes dans le Sud, mais aussi la stabilité des économies mondiales. Les gouvernements et le système financier du Nord sont responsables des crises actuelles, mais c’est le monde entier, et notamment les pays les plus pauvres, qui en paient les coûts et en font les frais. Surmonter ces crises exige une action et un leadership résolus de la part de la communauté internationale. Jusqu’à présent toutefois, un tel leadership fait cruellement défaut.

La réaction prompte et massive des gouvernements pour renflouer les banques et organismes financiers privés en dégageant plus de trois billions de dollars US en garanties et fonds publics est en contraste absolu avec leur échec à apporter une réponse déterminée à la crise incessante de la pauvreté et à la marginalisation qui affectent la majorité des gens dans le monde. Par conséquent, la coopération Sud-Sud doit démontrer ce dont elle est capable en réunissant les sommes nécessaires pour s’attaquer à la pauvreté.

Nous constatons que la coopération Sud-Sud a catalysé le débat autour de la réforme concernant l’efficacité de l’aide et autour des réformes des structures de gouvernance du FMI et de la Banque mondiale. Ces trente dernières années, ces institutions ont poussé à accroître les flux de capitaux et à accentuer la libéralisation du marché, ce qui a entraîné l’érosion des espaces politiques nationaux et la violation de la souveraineté des pays. Ces organismes font partie des grandes institutions responsables de la situation actuelle, mais ils ne possèdent ni la légitimité ni la crédibilité pour jouer un rôle dans la réforme du système financier international, et encore moins pour engager un processus pour se réformer eux-mêmes. C’est en pensant à cela que nous appelons à approfondir et renforcer la coopération Sud-Sud.

Une telle coopération doit toutefois répondre à des exigences élémentaires comme la promotion des droits humains, la solidarité et l’équité entre les partenaires, la durabilité écologique et l’appropriation du développement.

Nous demandons que la coopération Sud-Sud favorise le développement de structures et politiques économiques mondiales priorisant d’abord les droits des peuples et respectant et promouvant les droits humains, l’égalité des sexes ainsi que la justice sociale et environnementale. Nous demandons des politiques assurant des emplois décents sur la base des offres disponibles, le respect des droits du travail, la protection sociale, le dialogue social, des moyens de subsistance viables et la prestation de services essentiels comme la santé, l’éducation, le logement, l’eau et des énergies propres, et tenant compte de l’économie solidaire, largement tributaire des femmes. Les peuples du Sud doivent avoir un meilleur contrôle sur les ressources et les décisions qui affectent leur vie.

Monsieur le Président, éminents Délégués, nous sommes convaincus que la Conférence sur la coopération Sud-Sud est primordiale pour trouver des solutions durables aux multiples crises humaines que nous avons évoquées. Nous appelons les gouvernements à mettre en œuvre un processus de suivi Sud-Sud performant, auquel puissent participer tous les dépositaires d’enjeux institutionnels, non seulement les organisations gouvernementales et intergouvernementales, mais aussi l’Organisation internationale du travail (OIT) et la société civile.

Monsieur le Président, éminents Délégués, la société civile souhaite aborder les points ci-après au sujet de la coopération Sud-Sud.

Une coopération Sud-Sud qui repose sur les peuples

La coopération entre les peuples du Sud est essentielle pour soutenir les activités et initiatives nées de la coopération Sud-Sud. Malheureusement, leur participation est actuellement limitée du fait de difficultés financières et autres problèmes de capacités. Nous appelons à une approche intégrée de la coopération Sud-Sud dans laquelle les gouvernements du Sud mettraient des ressources à la disposition des organisations de la société civile pour faciliter leur action. Nous pensons que la société civile peut jouer un rôle important dans la mise en œuvre et le suivi de programmes et de politiques. Nous préconisons l’inclusion structurelle de ses organisations dans les débats et programmes futurs associés à la coopération Sud-Sud.

Au sujet de l’aide

Sur ce point, nous sommes convaincus que la coopération Sud-Sud doit continuer d’améliorer la qualité de l’aide en renforçant l’appropriation démocratique, en accordant plus de poids à la justice de genre et en mettant fin aux pratiques consistant à lier l’aide à des conditions politiques. Ces conditions perturbent l’appropriation, accroissent la pauvreté et empêchent d’atteindre les objectifs d’éradication de la pauvreté et d’amélioration de l’efficacité de l’aide.

Au sujet des investissements

Nous sommes convaincus de la nécessité d’instituer une approche holistique des investissements Sud-Sud comprenant, entre autres, les questions du développement social et du transfert durable des technologies. Les investissements Sud-Sud devraient s’inscrire dans la démarche des systèmes de production durables aux points de vue écologique et social, et s’aligner opérationnellement sur les économies nationales et locales.

Il faut mettre en place des cadres réglementaires appropriés, entre autres sur la base de la Déclaration de l’OIT sur les entreprises multinationales, pour garantir la reddition de comptes de la part des entreprises. Toutes les parties prenantes, notamment les parlements des pays, les partenaires sociaux et la société civile, doivent négocier des investissements bilatéraux et des accords de libre échange pour assurer une appropriation démocratique.

Au sujet de la dette

Nous demandons l’annulation totale et inconditionnelle de la dette odieuse ainsi que des actions résolues pour empêcher que l’accumulation d’une nouvelle dette ne se reproduise.

Les gouvernements intervenant dans la coopération Sud-Sud doivent mettre en place une nouvelle architecture de la dette qui soit inclusive, participative et démocratiquement responsable vis-à-vis des peuples au service desquels elle doit être. Les Nations unies doivent jouer un rôle de premier plan dans son élaboration, et ses institutions et mécanismes doivent se plier aux normes et traités internationaux concernant les droits humains. Il est entre autres également nécessaire que le nouveau cadre institutionnel engageant toutes les parties prenantes révise l’actuel système de viabilité de la dette de façon à prendre en compte la dette intérieure, le développement humain et la justice écologique et climatique. Il est aussi urgent de créer des mécanismes d’acquittement de la dette équitables et transparents, et indépendants des institutions financières internationales.

En conclusion, Monsieur le Président, éminents délégués, Eu égard aux multiples crises, nous enjoignons les gouvernements à prendre fait et cause pour les ouvriers, agriculteurs, jeunes et enfants des deux sexes dans le Sud afin de promouvoir la durabilité de l’environnement en empruntant une voie économique alternative. Nous, réseaux de la société civile, représentants de millions de gens du Sud, appelons par conséquent ici, à Nairobi, à mettre en œuvre un changement qui fasse passer le développement véritable, l’éradication de la pauvreté, les droits humains, l’égalité des sexes, le travail dans des conditions décentes et la durabilité écologique au premier plan des débats, des politiques et de la quête de solutions durables. Nous vous remercions.

Signée par:

African Forum and Network on Debt and Development (AFRODAD)
IBON International
Reality of Aid Network
International Association for Community Development
ActionAid
Social Watch Network
Kenya Debt Relief Network
(KENDREN)
South Asian Network for Social and Agricultural Development
(SANSAD), Inde
South Asia Alliance for Poverty Eradication
(SAAPE), Népal
Voices for Interactive Choice and Empowerment
(VOICE) /Aid Accountability Group, Bangladesh
Nepal Policy Institute (NPI)
Forum des ONG de femmes du Kirghizistan
Countryside Security and Sustainable Development Network
(CSSD Network), Viêt Nam
Center for Research and Assistance the Children
(CENFORCHIL), Viêt Nam
China Association for NGO Cooperation
(CANGO), Chine
International NGO Forum for Indonesian Development
(INFID), Indonésie

 

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